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Bruxelles Mixité Accessibilité
Contexte du projet
L’accueil est un droit fondamental des enfants. En ratifiant la Convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989, l’Etat belge s’est engagé à respecter et à rendre effectif ce droit pour tous les enfants vivant en Belgique. Pourtant, aujourd’hui, en Fédération Wallonie-Bruxelles, la recherche d’un milieu d’accueil (MA) s’apparente à un authentique parcours du combattant pour les familles, et pour les femmes seules en particulier : manque de places, listes d’attentes illimitées, obligation de bricoler des solutions temporaires ou de faire appel, si c’est possible, à des relais familiaux et autre, obligation de diminuer son temps de travail…
Les familles vivant en situation de pauvreté n’accèdent pas à l’offre d’accueil de la petite enfance
Ce sont les familles qui vivent en situation de pauvreté qui n’ont pas un accès aisé et direct aux MA en raison de mécanismes sociaux qui créent des inégalités sociales. Ces familles sont, par exemples, confrontées aux situations suivantes : peu de connaissance des institutions ad hoc, stratégies d’auto-exclusion, absence de relais sociaux efficaces, priorités de vie liées à la survie permanente ou à la débrouille, situation administrative inadéquate, conditions financières difficiles etc. Le peu d’accès à l’offre d’accueil de la petite enfance s’avère donc d’autant plus problématique et dommageable pour les familles en situation de pauvreté, déjà aux prises avec des difficultés au quotidien.
De plus, si l’accès aux milieux d’accueil de l’enfance est tout-à-fait insuffisant, il est aussi inversement proportionnel aux besoins sociaux : la pénurie de places d’accueil touche en particulier les populations vivant sous le seuil de pauvreté. Les communes bruxelloises dites du « croissant pauvre » sont celles qui affichent les taux de couverture les plus bas et où l’offre d’accueil a le plus de difficultés à se développer. Les enfants qui profiteraient le plus des effets positifs d’un accueil de qualité en sont donc les premiers exclus.
Un meilleur accès à l’offre des milieux d’accueil réduit les inégalités sociales
Parmi les inégalités qui touchent les enfants, celle qui concerne l’accès à l’accueil de la petite enfance semble singulièrement injuste car elle agit à bas bruit et précocement sur des générations de très jeunes enfants qui se voient privés d’opportunités en plus de développer leurs capacités cognitives, sociales et affectives. Ceci sachant que des études constatent l’influence tout au long de l’existence des inégalités vécues durant l’enfance.
Il a en effet été montré qu’un accueil de qualité au cours de la petite enfance joue un rôle crucial dans le développement de l’enfant et que « des effets positifs sont plus prononcés pour les enfants pauvres et ceux dont les parents ont peu d’instruction ».
Dans le contexte d'une aggravation des conditions de vie des enfants sous les politiques d’austérité (quatre enfants sur dix naissent dans un ménage qui vit sous le seuil de pauvreté à Bruxelles et un enfant sur quatre en Wallonie), les MA de l’enfance constituent un levier décisif pour lutter contre la pauvreté infantile et la reproduction des inégalités sociales.
L’accueil de la petite enfance joue un rôle préventif
Au-delà de la création d'opportunités d'accueil pour des enfants vivant dans la pauvreté, améliorer l’accès aux milieux d’accueil constitue également une mesure de prévention vis-à-vis des nombreuses familles confrontées au risque de basculer dans des conditions de vie précaires.
Une question de politique publique incontournable
Une place d’accueil pour chaque enfant
Badje plaide pour un droit effectif à une place d’accueil de qualité pour chaque enfant et pour faire de l’accueil de la petite enfance une question portée collectivement, à l’échelle de l’ensemble de la société et par une mobilisation d’ampleur du monde politique.
Octroyer des moyens au secteur de l’accueil de l’enfance, c’est investir à long terme dans une société plus démocratique, c’est assurer un service de même qualité pour tous les enfants et garantir une meilleure égalité de situation entre les enfants et entre les familles.
Des actions concrètes peuvent être mises en place dès maintenant
Néanmoins, à court terme et dans l’attente d’un refinancement structurel du secteur, des actions concrètes peuvent déjà être réalisées pour augmenter les possibilités d’accueil d’enfants vivant en situation de pauvreté. C’est ce que propose et réalise concrètement, depuis 2014, le projet « Bruxelles Mixité-Accessibilité » (anciennement Bruxelles Multi-Accueil).
Présentation du projet Bruxelles Mixité Accessibilité
BMA est un dispositif d’accompagnement des milieux d’accueil de la petite enfance bruxellois, subventionnés par l’ONE. L’impact visé est de transformer sur le long terme les pratiques d’accueil des MA classiques afin qu’ils développent de nouvelles pratiques d'accueil à destination d’enfants de 3 à 36 mois vivant en situations de pauvreté. L’enjeu du projet est de créer des opportunités d’accueil supplémentaires pour des enfants qui, sans cette démarche, n’auraient pas l’opportunité d’accéder à un MA avant l’entrée en maternelle. Accompagnés par Badje, les MA font donc le chemin inhabituel d’aller chercher des enfants qui ne seraient pas arrivés jusqu’à eux, ceci par le développement de partenariats avec des acteurs sociaux locaux et l’adaptation de leurs pratiques d’accueil.